En cette fin de semaine dernière du côté des 12 villes du réseau Epitech, les esprits de toute la promo 2018 étaient tournés tout entiers vers la préparation du dernier jour, le jour J du passage devant jury. Dans cette optique, coaching et conférences quasi quotidiennes ont été le pain non moins quotidien, depuis lundi 15 février, des étudiants de la promo afin de préparer au mieux leur pitch du 26 février et leurs réponses aux questions d'après pitch, toujours pertinentes, parfois déstabilisantes, des membres du jury.
Business model canvas
Quand on présente un projet « en mode start-up », ces questions tournent forcément autour du busines model canvas, le thème central de Forward (FWD), ces 2 semaines de créativité entrepreneuriale. Cette acculturation à l'« approche marché » d'un projet technologique est une expérience que les étudiants pourront faire fructifier tout au long de leur carrière, en commençant par leurs Epitech Innovative Projects, ces célèbres EIP.
L'entraînement au pitch à Rennes
Mercredi 24 février, Guillaume Chevalier, co-fondateur du Shift, start-up basée à Rennes dont l'objet est « d'accompagner aussi bien des start-up que de grands comptes sur le lancement de projets innovants en particulier dans le digital, de produits ou de services », est venu préparer la promo 2018 rennaise, les troisième année de cette année à l'école.
L'art du pitch
« En général, on dispose de très peu de temps, souligne-t-il, pour faire passer nos messages et susciter l'intérêt de gens qu'on ne connaît pas sur un projet sur lequel on a parfois travaillé depuis des mois, voire des années pour certains. En 3, 5 mn en fonction de l'exercice, essayer de faire très bien comprendre à vos interlocuteurs quel problème on traite, comment on le traite et pourquoi, pourquoi nous on est les meilleurs pour ce faire ... Oui, pitcher, c'est tout un art ».
Faire pour savoir faire
« C'est bien, pour les étudiants, de venir écouter des gens qui leur apprennent à pitcher, mais le mieux c'est évidemment de pitcher soi-même ; de le faire 1 fois, 2 fois, 3 fois... Ne serait-ce que savoir tenir le micro, avoir une présentation qui a du sens, avoir une cohérence globale dans ses slides... Entre ce que l'on dit, ce que l'on montre, ce que l'on fait, la manière dont on se tient aussi parce qu'on est souvent concentré sur ce que l'on dit mais pas sur la manière dont on le dit : si on est caché dans un coin au fond de la scène à l'ombre, tout recroquevillé à regarder ses pompes, le message va moins bien passer... Tout est lié ».
Miradoor vainqueur
Nolwen Le Guevel, Mickael Decouflet, Brendan Le Glaunec, Gwenael Le Neindre, Kevin Marrec, Valentin Peschard, Théodore Chesne et Victor Pigeon ont bien écouté cette dernière conférence avant « le passage sur scène ». Ils ont été désignés vainqueurs avec leur projet Miradoor, solution de gestion de parcs informatiques.
Sécurité
Comme l'explique Brendan, « actuellement sur le marché, il y a beaucoup de solutions et d'outils disséminés sur Internet, sur le montoring, l'inventoring, les postes à distance etc... Nous, on se propose de tout rassembler et de tout sécuriser par exemple sur un serveur local et interne à l'entreprise ». Comme le règlement du labEIP de l'école le permet, ils sont déjà partenaires sur ce projet avec la start-up Osytos.
Les membres du jury à Rennes
Outre Guillaume Chevalier, revenu par là-même vérifier si ses conseils avaient été bien retenus (...), Christel Le Coq (co-fondatrice et CEO de la start-up E.sensory), Corine Monnerie (coordinatrice du design et des interfaces numériques chez Ouest-France), Adrien Massiot (ingénieur web et applications chez Regionsjob), Régis Bozec (chef de projet numérique et organisateur de la digital Tech pour la French Tech Rennes-St Malo) et Raphaël Thiry, directeur de l'agence web Avelook sont venus écouter les pitches des boostraps des EIP 2018.
D'une capitale à l'autre
De la capitale de la Bretagne à la capitale des Gaules, le dispositif était le même, hors le nombre de groupes FWD. Ils étaient 11 à Lyon. Pour Benoit Loeillet, digital innovation manager du Tuba de Lyon et membre du jury, « de ces 11 projets plutôt techniques, quelques-uns sont sortis du lot, avec de vrais usages identifiés, avec une vraie démarche aussi vers des utilisateurs, là où se crée toute la pertinence pour trouver un marché et une accroche et dès lors, des utilisateurs puis des clients derrière... 11 projets qui se sont développés de manière extrêmement intéressante en 15 jours. En 2 ans, ces projets ont le temps de vraiment évoluer vers des choses très, très pertinentes ».
Le point de vue de l'insider
Julien Roupioz, Assistant Pédagogique Epitech (APE), l'avoue : « je n'ai vraiment pas eu besoin de mobiliser les étudiants, ils ont compris tout seuls le rôle qu'ils avaient à jouer dans la réussite de leur propre scolarité et l'impact que peut avoir FWD sur le déroulement de leur EIP plus tard. De même que les opportunités que FWD peut leur amener, les opportunités de réseau notamment, quand ce ne sont pas des partenariats pour leur projet... Ce type d'opportunité qu'on a vue se concrétiser en direct juste après la présentation d'un des groupes ».
Business card
Gilles Lioret, co-fondateur et président de Entrepreneurs Factory est cet autre membre du jury lyonnais qui a donné sa carte de visite au groupe PlayMeter juste après qu'ils aient pitché, enthousiasmé qu'il a été par la présentation et l'acuité business du projet. « Je leur ai donné ma carte explique-t-il, parce que je représente un fonds d'investissement qui vient justement d'investir dans une société qui s'appelle Oxent, propriétaire du tournoi ESWC, qui organise les championnats du monde du jeu vidéo et qui développe sa plateforme Internet. Son nom est Tournament et littéralement, elle "explose" ».
PlayMeter
Playmeter est le complément idéal à ce type de plateforme, ce projet vise en effet à professionnaliser encore plus le marché de l'E-sport, par la valorisation des joueurs professionnels via leurs communautés internationales de fans prêts à parier sur leurs matches. Ce groupe a remporté les suffrages du jury à Lyon, il est composé de Tristan Debroise, Mathurin Dubost-Carron, Grégoire Ducharme, Hugo Nouts, Maxime Radomski, Maxime Soufflet, Thibault Woivre et Guillaume Plantié : bravo à eux.
Le jury à Lyon
Outre MM. Loeillet et Lioret, le jury lyonnais comptait dans ses rangs Jean-Marc Allouet de Cap'Tronic, Benoit Ducrest de Lyon Start Up, Dominique Garralon d'Initiative Rhône-Alpes, Thomas Jaussoin de Lunabee, Johan Pellet de l'EISBM, François Quemeneur de BeyondLab et enfin, Marc Fancon de Kptive.
Axes d'amélioration
Ce dernier a pointé justement ce sur quoi FWD se concentre, « "l'innovation amont", qui concerne plutôt le concept, le business model et l'approche marché, c'est un sujet qui reste clairement à travailler et à développer parmi les étudiants. Sur la dimension technique qui fait davantage partie de l'univers de l'innovation aval, la mise en place d'un schéma d'itération qui a du sens par rapport à une réalité marché, là, on les sent évidemment plus à l'aise ».
Pistes d'exploration
C'est pour cette raison qu'en plus de ces 2 semaines d'intense acculturation au busines model canvas, l'école organise entre autres les events Do The Right Team, notamment à Lyon. Pour que l'amont et l'aval de l'innovation se rejoignent au bon moment, que les profils qui font les équipes et donc les start-up les plus disruptives se rencontrent au juste croisement des courants porteurs et aillent toujours et encore plus loin. Fast forward.